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3 questions à un élu de la vigne et du vin – Jean-Jacques Bolzan

3 avril 2024Dernières actualités

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Photo Jean-Jacques Bolzan, Adjoint au maire de Toulouse

Pour cette nouvelle parution des « 3 questions à un élu de la vigne et du vin », nous avons demandé à Monsieur Jean-Jacques Bolzan, Adjoint au Maire de Toulouse en charge du Bien manger et administrateur de l’ANEV depuis novembre 2023, de répondre à nos questions. Voici ses réponses !

 

Que représentent la vigne et le vin à vos yeux ?

C’est d’abord sa dimension économique. Avec 59 000 exploitations viticoles, 125 000 ETP directs auxquels il faut rajouter les vignerons adhérents des coopératives vinicoles soit 8 600 ETP supplémentaires, la viticulture est une activité économique majeure pour la France. En outre, elle irrigue d’autres activités économiques. Par exemple, les métiers du négoce génèrent plus de 34 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Ces activités soutiennent ainsi près de 44 000 ETP en France.  Pour la restauration à table la vente de vins représente près de 20 % du chiffre d’affaires annuel et 21 % des emplois sont considérés comme soutenus par la vente de de vin, soit 66 284 ETP. Sans oublier que les 6 milliards de recettes fiscales et les 17 milliards de chiffre d’affaires à l’export.

La viticulture assure la dynamique économique des territoires grâce à l’emploi et au chiffre d’affaires qu’elle génère, parfois dans des milieux éloignés des métropoles.

Au sein de nos territoires ruraux, la viticulture a aussi une importance capitale. Avec plus de 750 000 hectares de vignes, dont plus de 50 % se situe en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, la viticulture assure la dynamique économique des territoires grâce à l’emploi et au chiffre d’affaires qu’elle génère parfois dans des milieux éloignés des métropoles. Elle contribue aussi à l’activité touristique d’une région, d’un département ou d’une localité. Mais la dimension culturelle n’est pas à sous-estimer. Le vin fait partie de notre Histoire depuis l’Antiquité en passant par les routes des monastères et les épopées plus contemporaines. Oui nous pouvons l’affirmer, le vin n’est pas une boisson comme les autres car elle fait pleinement partie de notre patrimoine immatériel. Ce n’est pas pour rien que les étrangers associent le vin à l’image de la France et à l’art de vivre à la française.

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous engager à l’ANEV ?

Par ma volonté de défendre et promouvoir le vin et la viticulture dans une approche collective. Or l’ANEV est un réseau d’élus des territoires viticoles qui dépasse les clivages politiques et géographiques. C’est cela qui m’intéresse car c’est ensemble que nous devons œuvrer afin d’accompagner la viticulture française dans une période où la viticulture est à un virage entre compétition internationale, évolution des modes de consommation et déconsommation, et préoccupations environnementales. Par ailleurs, en qualité de maire adjoint de Toulouse, je souhaite connecter les métropoles et le monde rural. Les métropoles tendent à absorber toutes les richesses ; or elles ont une réelle responsabilité à l’égard des territoires qui les entourent. Elles ne peuvent être des îlots de prospérités hors sol.

C’est pour cela que nous mettons en œuvre des contrats de réciprocité avec les territoires ruraux et agricoles voisins de Toulouse. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons soutenu la désignation de Toulouse comme capitale européenne du vin en 2023. Il ne s’agissait pas de dire que nous étions meilleurs que les autres mais de porter le message selon lequel nous devons tous être impliqués dans la promotion du vin et de la viticulture. C’est aussi dans cet esprit que nous avons réimplanté la vigne à Toulouse. Ainsi, au domaine de Candie, propriété de la ville de Toulouse, nous avons replantés 12 hectares de vignes en conduite Bio et avec des cépages autochtones du Sud-ouest comme la Négrette, le Malbec et les Manseng. Il s’agissait pour nous, de dépasser les discours pour être dans le faire.

 

Quel avenir imaginez-vous pour le vin et la vigne en France ?

J’aimerais que nous sortions d’une relation conflictuelle. Les vignerons et les vigneronnes contribuent à l’économie, au tourisme, à l’aménagement des paysages et des territoires mais aussi à la préservation de l’environnement. Il faut arrêter de croire qu’ils n’ont pas conscience des enjeux environnementaux. Bien au contraire. Les pratiques ont évolué, le matériel s’est perfectionné grâce à la viticulture de précision, à la numérisation et à la robotisation.

L’enherbement, les haies, les bosquets entretenus par les viticultures sont autant d’infrastructures vertes apportant des réponses au changement climatique et à la préservation des sols.

Tant au niveau français qu’européen, il est nécessaire de réconcilier agriculture et environnement en cessant de stigmatiser la viticulture. Il en est de même pour la consommation. Entre prohibition et modération, je choisi la modération car c’est la seule voie raisonnable et l’affirmation de sa propre liberté face à l’intempérance. « Le bien manger et le bien boire » sont un des fondamentaux pour tisser les liens entre les Hommes.

 

Propos de Jean-Jacques Bolzan, recueillis par l’ANEV.